Marie de l'incarnation

Avec l'aimable autorisation de Touraine Canada

Marie GUYARD – mieux connue sous le nom de Marie de l’Incarnation – béatifiée par Jean Paul II en 1980 – vient d’être canonisée par le Pape François le 3 avril 2014 en compagnie de François de Montmorency-Laval premier évêque du Québec . Ce sont les deux premiers saints de la ville de Québec. Ces deux Français, ont participé activement à l’évangélisation en Amérique du Nord. Un troisième missionnaire, le jésuite José de Anchieta, prêtre des îles Canaries (Espagne) missionnaire jésuite au Brésil sera également canonisé.

Marie Guyart religieuse ursuline est née à Tours en 1599. Elle y a vécu quarante ans de sa naissance jusqu’à son départ vers le Canada en 1639 . Elle figure parmi les pionniers de la Nouvelle-France, où elle a notamment implanté le monastère des ursulines à Québec, première école pour jeunes filles amérindiennes et françaises en Amérique du Nord. Elle a habité ce monastère canadien jusqu’à sa mort en 1672.

La figure de Marie GUYARD au Canada

L’histoire québécoise et canadienne a fait de Marie GUYARD un personnage de premier plan. A l’occasion du 400e anniversaire de Québec, on l’a clairement située comme troisième personnage historique d’importance en Nouvelle-France, après Jacques Cartier et Samuel de Champlain. La statue de cette « mère de la Nouvelle-France » figure sur la façade du Parlement de Québec tandis que l’édifice qui abrite le ministère de l’Éducation à Québec porte son nom.

Bossuet qualifiait, en 1675, Marie de l’Incarnation de « Thérèse de nos jours et du Nouveau Monde » (en référence à Thérèse d’Avila). Elle est considérée de nos jours comme l’une des plus grandes mystiques de langue française ; elle a connu un destin exceptionnel de la France à la Nouvelle-France.

Si sa mémoire est abondamment commémorée au Québec, son souvenir était quasi oublié dans sa terre d’origine, la Touraine, il y a 50 ans.

Mais qui était donc Marie GUYARD ?

La reconnaissance universelle de sainteté de Marie de l’Incarnation est fondée sur de nombreuses réalités : sa vie exemplaire, l’éminente qualité spirituelle et théologique de ses écrits, la longue histoire de ferveur et de dévotion qu’elle a suscitée depuis le lendemain de sa mort, la vitalité toujours actuelle des œuvres qu’elle a instituées et de celles qu’elle a inspirées, en particulier dans le monde de l’éducation et de l’accueil des autres.

On peut dire beaucoup de choses sur Marie de l’incarnation et vanter ses mérites, mais rien ne peut remplacer la mise en contact avec ses écrits. Les textes de Marie, écrits sous le mode de l’intimité, ne sont pas tant des arguments cherchant à prouver quoique ce soit, mais des confidences qui parlent d’un amour profond et qui convient les lecteurs à entrer eux-mêmes, avec leurs forces et faiblesses dans cette expérience de rencontre du Christ qui passe à la fois par la fréquentation assidue de la parole de Dieu.

Que reste t il de Marie de l'incarnation à Tours ?

Les siècles passent. Si le souvenir de Marie de l’Incarnation demeure vif au Canada malgré l’épreuve du temps, il n’en est pas de même à Tours. La Révolution française avec la suppression des ordres religieux n’a pas contribué à entretenir cette mémoire. Peu après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, un contingent de Canadiens (dont des Amérindiens Wendats, descendants des « Hurons » réfugiés en Nouvelle-France, en banlieue de Québec), vient en pèlerinage à Tours afin de visiter les lieux qui ont vu naître et grandir la fondatrice des ursulines de Québec. Cette visite suscite l’intérêt du Conseil municipal qui envisage alors la possibilité de restaurer certains sites significatifs. Ainsi, le 26 octobre 1950, une dalle commémorative de l’ermitage Saint-Joseph (l’édifice lui-même ayant été démoli deux ans plus tôt) est inaugurée par Marcel Tribut, nouveau maire de Tours. La cérémonie se déroule en présence d’une importante délégation canadienne, dont l’archevêque de Québec et plusieurs ursulines de Québec .

L’année suivante, Monseigneur Beaumier de Trois Rivières, très attaché à Marie de l’Incarnation, se rend lui aussi à Tours pour découvrir les traces de Marie . Il visite la dalle inaugurée l’année précédente, puis la chapelle Saint-Michel, le bâtiment où elle a prononcé ses vœux. C’est la consternation : les vieux murs abritent alors les douches du Lycée Nationalisé de Jeunes Filles, installé dans l’ancien monastère des ursulines. C’est aujourd’hui le conservatoire Francis Poulenc situé en face des Studios. L’ensemble est décidément indigne de la mémoire de la « mère de la Nouvelle-France ». Le maire de Tours déclare alors que « la Chapelle Saint-Michel est [pour les Canadiens] un lieu sacré et nous voudrions la leur donner et en faire une terre canadienne puisqu’ils y voient l’origine spirituelle de leur pays. »

Au cours des dix années suivantes, plusieurs Tourangeaux créent une association afin de restaurer des lieux significatifs de la vie de Marie de l’Incarnation. Les fonds nécessaires viendront essentiellement du Canada (Trois-Rivières et Québec).

La chapelle Saint-Michel, la Petite Bourdaisière et le petit ermitage Saint-Joseph

L’Association des Amis de Marie de l’Incarnation fondée en 1961 (qui devient ensuite l’Association Touraine-Canada) se donne pour mission de réhabiliter certains bâtiments, témoins authentiques de sa vie en France. Il s’agit de la chapelle Saint Michel et du petit ermitage Saint-Joseph car Marie GUYARD a vécu en ces lieux du 25 janvier 1631 au 22 février 1639, jour de son départ en Nouvelle-France.

L’année 1980 Marie de l’Incarnation est béatifiée par le Pape Jean Paul II , qui la déclare « maîtresse de vie spirituelle ».

L’année suivante voit aussi le retour des religieuses ursulines à Tours, à la demande de Mgr Ferrand. Elles créent l’Association Marie GUYARD qui acquiert en 1983 la Petite Bourdaisière, Un Centre Marie de l’Incarnation y est ouvert en 1985.

Enfin, le nouvel ermitage Saint-Joseph est inauguré la même année par l’archevêque de Tours : cette reconstruction à l’identique de l’édifice démoli en 1948 est rendue possible grâce à une participation canadienne